Le Chateau de Morsains

Le Chateau de Morsains
Le Chateau de Morsains

dimanche 8 mai 2011

La Seigneurie de DURTAL

Peter Burkholder est un étudiant américain qui a fait une thèse sur les origines de la forteresse de Durtal donc sur les plus lointains de nos ancêtres DE CHAMPAGNE connus. Nous relaterons ici une de ses conférences très intéressante , à lire absolument ...



« Réflexions sur les origines de Durtal »∗
Peter Burkholder, Ph.D.
Université du Wisconsin-Stout (États-Unis)
burkholderp@uwstout.edu

Avant de commencer, j’aimerais tout d’abord remercier un grand nombre de personnes dont
les efforts m’ont permis d’être ici aujourd’hui. Mes relations suivies avec l’Association
Patrimoine Environnement Matheflon m’ont beaucoup aidé et bien qu’il s’agisse de ma
quatrième visite en Anjou, c’est la seconde fois que ma venue se fait grâce à leur coopération.
En particulier ses membres, Grégory Florance, Ton Kwakkenbos et Raymond Florance à qui
j’adresse mes remerciements sans qui la présentation d’aujourd’hui n’aurait pas été possible.
Je voudrais également remercier deux personnages clefs de l’histoire angevine: Prof. Noël-
Yves Tonnerre de l’Université d’Angers et Prof. Bernard Bachrach de l’Université du
Minnesota pour leur disponibilité et l’aide qu’ils m’ont prodiguée tout au long de ces années
de recherche. Sans leur originalité, mes propres études n’auraient pas eu l’impact qu’elles ont
aujourd’hui. Et pour terminer j’aimerais également remercier la mairie de Durtal, tout
particulièrement le maire André Logeais, Charles Gravouil et Séverine Picard pour énergie
qu’ils ont engagée dans l’organisation de cette présentation.

*************

Cela fait presque dix ans que je suis arrivé pour la première fois à Durtal sous une nuit
pluvieuse de l’été 1995. En fait, mon voyage a commencé quelques années auparavant quand,
en qualité d’étudiant du Prof. Bachrach de l’Université du Minnesota, je suis tombé à
plusieurs reprises dans les chroniques et les cartulaires sur des allusions à une famille
aristocrate angevine. La grande vue historique de l’Anjou dressée par les historiens français,
Louis Halphen, Josèphe Chartrou, Jacques Boussard et Olivier Guillot, a mis Durtal à l’écart.1
Mais il était devenu rapidement évident que de considérables confusions, voire contradictions,
ont brouillé les premières années du château et de la famille au pouvoir. Pensant que des
recherches complémentaires m’auraient conduit sur les seigneurs de Durtal – mystérieusement
nommé de Campania – j’ai tenté d’établir l’arbre généalogique de cette famille et de la placer
dans le contexte historique du onzième et douzième en Anjou.
Après avoir complété mes recherches du mieux que j’ai pu depuis les États-Unis, je
suis arrivé en France pour découvrir trois choses importantes. Premièrement, un travail
gigantesque, inconnu et non disponible pour moi depuis les États-Unis, avait été réalisé sur
Durtal. J’y ai trouvé tous les ouvrages de Réné Buquin et Émile Poirier, et je suis tombé par
__________
∗ © Peter Burkholder 2004. Cette étude a été présentée à l’origine à Durtal, France, en l’église de Gouis, le 16 mai 2004. Un grand merci à tous ceux qui ont rempli l’église ce jour là, et également à l’Association Patrimoine Environnement Matheflon dont invitation, l’organisation et l’hospitalité ont rendu cet évenement possible. Une grande reconnaissance est également accordée à Grégory Florance pour la traduction. Notez que les nombres en gras entre crochets, par exemple [13], renvoient au catalogue d’actes de ma thèse; voir note 3 ci dessous. Ce travail est disponible en consultation aux Archives Départementales de Maine-et-Loire (Angers), à la Bibliothèque Municipale d’Angers, et à la mairie de Durtal.
1 Halphen, Le comté d’Anjou au XIe siècle (Paris, 1906; Genève, 1974); Chartrou, L’Anjou de 1109 à 1151
(Paris, 1928); Boussard, Le comté d’Anjou sous Henri Plantagenèt et ses fils (1151-1204) (Paris, 1938); Guillot,
Le comte d’Anjou et son entourage au XIe siècle, 2 vols. (Paris, 1972).




hasard sur les études universitaires plus récentes d’Anne Decary et de Florent Souday.2
Deuxièmement, malgré ces cadeaux du ciel, il m’a semblé nécessaire d’apporter un regard
historique critique afin de poursuivre une éventuelle étude. Quand et pourquoi Durtal a-t-elle
été fondée? Par qui? Et quelles furent les origines de la famille qui régnait ici? Troisièmement,
j’avais remarqué que les habitants de Durtal, bien qu’extrêmement amicaux et attentionnés à
mes besoins, furent absolument déconcertés de savoir qu’un étudiant américain ait traversé
l’Atlantique pour étudier leur petite ville! Leurs réactions, je dois avouer, a fait l’écho de
celles de ma famille et de celles de mes amis non universitaires qui ont toujours trouvé
étrange mon souhait de vouloir consacrer des années de ma vie à l’étude des morts,
apparemment personnes peu importantes sur un continent lointain. En dépit de telles
consternations, mes efforts à démêler le passé de Durtal furent richement récompensés et
achevés par trois volumes qui constituent ma thèse, « The Birth and Growth of an Angevin
Castelleny: Durtal in the Eleventh and Twelfth Centuries », traduisez « La naissance et
développement d’une châtellenie angevine: Durtal au onzième et douzième siècle ».3
Les problèmes entourant Durtal sont nombreux, et c’est l’objectif de cet après-midi
tracer les grandes lignes de quelques questions exigeantes au regard de cette première partie
d’histoire du onzième siècle. Comme toute recherche historique, plus je fouillais parmi les
problèmes, plus les questions émergeaient. Le temps me limitait à traiter les trois points
suivants. Tout d’abord, qui a fondé Durtal? Bien que le site montre l’évidence d’occupations
humaines depuis des siècles et bien que la première fortification ait clairement été construite
au onzième, le problème majeur qui en découle est quel comte en a décidé l’établissement?
Ensuite, pourquoi Durtal a été fondée? Plus spécifiquement, quelle stratégie et quelle politique
ont été pensées derrière la fondation d’une fortification sur ces lieux? Enfin, qui furent les
premiers châtelains de Durtal, et en particulier, d’où venaient-ils, et comment furent-ils
choisis pour tenir la forteresse? Ce ne sont que ces quelques questions fondamentales du début
de l’histoire de Durtal qui ont dérouté les historiens pendant des générations.

I. Qui a fondé Durtal?

Premièrement, nous allons nous pencher sur les problèmes concernant l’établissement de la
fortification de Durtal. Cela a toujours été une question litigieuse, parce que deux documents,
dont aucun n’est contemporain à l’évenement, décrivent la construction d’un château à Durtal
à une certaine période du onzième siècle. Le premier document est un récit énigmatique
d’après-faits écrit par le comte Foulques le Réchin à la fin du onzième qu’il tient de son oncle,
le comte Geoffroy Martel. L’introduction énonce simplement qu’en Anjou, Foulques Nerra,
qui était le grand-oncle de Foulques le Réchin, « construisît Baugé, Château-Gontier, Durtal et
pleins d’autres châteaux trop nombreux à énumérer ».4 Apparemment, cela établirait la
problématique suivante: le récit de le Réchin sur les comtes d’Anjou est considéré par les
historiens comme principalement exacte, et il est difficile d’imaginer que Geoffroy Martel ait
raconté des informations déformées à son neveu.5 Le plus récent biographe de Foulques
Nerra, Bernard Bachrach, interprète les informations de le Réchin comme en grande partie
__________
2 Buquin, Durtal: son seigneur, son château, son hôpital (la Flèche, 1954); Poirier, Histoire de Durtal, de l’an
1000 à nos jours (Baugé, 1960); Decary, Le château et le bourg de Durtal du milieu du XIe à la fin du XIIe siècle
(Les Cahiers du Baugeois, numéro spécial, novembre 1991); Souday, « Les campagnes entre Durtal et la Flèche
aux XIe et XIIe siècles » (mémoire de maîtrise, Université d’Angers, 1994).
3 Ph.D. dissertation, Université du Minnesota (États-Unis), 2000.
4 Fragmentum historiae Andegavensis, dans Louis Halphen et René Poupardin, éds., Chroniques des comtes
d’Anjou et des seigneurs d’Amboise (Paris, 1913), 234 : « ...in Andegavo edificavit Baugiacum, Castrum
Gunterii, Duristallum et multa alia que enumerare more est. »
5 Halphen, « Étude sur l’authenticité du fragment de chronique attribué à Foulques le Réchin », dans A.
Luchaire, éd., Mélanges d’histoire du moyen âge (Paris, 1901), 7-48.


correctes.6 Néanmoins, il existe un problème fondamental avec cette version des évènements:
à part l’extrait de le Réchin, il n’y a aucune référence à Foulques Nerra et Durtal dans aucun
texte contemporain, encore moins des preuves explicites qu’il ait bâti un château à cet endroit.
Pour cette raison seulement, nous devons voir l’attribution de la fondation de Durtal à
Foulques Nerra avec un bon degré de soupçons.7
La question se complique d’autant plus par le fait que deux autres documents donnent
particulièrement crédit au fils de Foulques Nerra, Geoffroy Martel, pour avoir construit le
château ou pour avoir placé son premier châtelain en ce lieu. L’un des deux est la très
problématique Chronique de Parcé sur laquelle je reviendrai un peu plus tard.8 L’autre est un
document très connu du cartulaire de St-Aubin, qui commence par une description explicite
de Geoffroy construisant un château à Durtal et le donnant à un châtelain nommé Hubert.9
Cela rentre manifestement en désaccord avec la version de Foulques le Réchin et contredit
ironiquement l’histoire que Geoffroy lui même a rapporté à son neveu. Les circonstances dans
lesquelles ce document a été élaboré s’ajoutent à l’incertitude historique. Le document de St-
Aubin que nous possédons aujourd’hui a été écrit au douzième, bien après les évènements
qu’il décrit.10 En outre, le document ne fait référence qu’à la fondation de Durtal par
Geoffroy, dans un contexte de conflits de propriété entre les moines de St-Aubin et se St-
Serge qui a continué bien après l’établissement de Durtal. Ainsi, l’objectif principal du
document de St-Aubin n’était pas du tout d’écrire l’histoire des débuts de Durtal. Par
conséquent nous ne devrions pas être étonnés si de telles informations secondaires sont
incomplètes, même au point de contredire une autre source.
Ainsi, où cela nous mène-t-il? Il est concevable que le comte Foulques ait construit et
ensuite abandonné son château de Durtal, ou que son projet initial de construction ait été
complété par son fils, Geoffroy. Mais parce qu’il n’y a aucun écrit contemporain liant
Foulques et Durtal, et parce que Geoffroy a certainement placé le premier châtelain connu là,
il est également possible que l’exposé de Foulques le Réchin sur les débuts de l’histoire de
Durtal soit tout simplement incorrect. Bien que chacune de ces versions des événements
soient problématiques, elles indiquent que la précaution devrait être exercée avant d’attribuer
définitivement à Foulques Nerra ou à Geoffroy Martel l’édification d’une fortification à
Durtal. À moins que des preuves plus spécifiques n’apparaissent, cette question restera non
réglée.

II. Pourquoi Durtal a-t-elle été fondée?

Ajoutant à la complexité entourant la fondation de Durtal, aucun des premiers écrits
n’expliquent pourquoi un château a été jugé nécessaire à Durtal. Par conséquent nous devons
spéculer: sans se préoccuper de qui était responsable, de quelles étaient les motivations à
choisir ce site au onzième siècle? La topographie a sûrement joué un rôle dans la décision du
comte. Jusqu’à nos jours, la haute colline sur la rive droite du Loir offre une vue dominante
sur les environs et surveille la rivière, donnant ainsi au site des avantages stratégiques. À
Durtal, la proximité de rivières a rendu la ville favorable à l’agriculture et à la minoterie, deux
activités prédominantes de l’économie médiévale. Et finalement, les proches et abondantes
__________
6 Bachrach, « The Angevin Strategy of Castle Building in the Reign of Fulk Nerra, 987-1040 », American
Historical Review 88 (1983), 555. L’auteur ne fait pas du tout référence à Durtal dans sa biographie, Fulk Nerra,
the Neo-Roman Consul, 987-1040 (Berkeley, 1993), bien que Durtal apparaisse sur sa carte illustrant le territoire
angevin; ibid., 2-3.
7 Pour les comtes angevins, se reporter à la Généalogie 1.
8 Chronique de Parcé, H. de Berranger, éd. (le Mans, 1953).
9 Cartulaire de l’abbaye de St-Aubin d’Angers, le Comte Bertrand de Broussillon, éd. (Paris, 1903), no. 306 [13].
10 Sur la compilation du cartulaire de St-Aubin, voir l’annexe de Guillot, Le comte 1, 435-55.


forêts ont fourni le bois tant nécessaire ainsi que la nourriture. Ces caractéristiques avaient
peu évolué depuis des millénaires. Ce n’est donc pas surprenant que des outils datant du
Néolithique et de l’âge de bronze aient été trouvés à Durtal.11 De plus, nous ne devons pas
oublier qu’une villa et une église paroissiale avaient été établies à Gouis depuis le septième
siècle; en soit, les environs de la toute nouvelle ville de Durtal n’étaient pas inconnus à
l’occupation humaine, et avaient été au moins partiellement développés.12
Bien qu’il soit devenu en définitive un centre économique et ecclésiastique local
majeur, il est clair que la principale raison d’être de Durtal était militaire. La description
physique de l’époque par Geoffroy Martel fait référence à ses palissades (palus), ses fossés
(fossatum) et les principales fortifications (firmitas), et l’ensemble était doté d’hommes
entrainés pour la guerre.13 La seule étude qui spécule sur la fonction de Durtal comme avant-poste
militaire est un article écrit il y a vingt ans par Marcel Deyres. Cherchant une crise
grave pendant le règne de Geoffroy Martel qui aurait nécessité une fortification à Durtal,
Deyres s’est concentré sur la perte de Mouliherne par le comte au profit du roi Henri I et au
duc Guillaume de Normandie en 1049. Cela a creusé une faille non négligeable dans les
défenses de Geoffroy, particulièrement son contrôle de la route de Saumur au Mans. Selon
Deyres, la crise a motivé le comte à ressusciter une des premières fortifications construites et
ensuite abandonnées par son père. Cette stratégie coïncide bien avec la « guerre de vif
mouvement » que soulignait le concept de « guerre angevine » de Deyres, dans lequel les
constructions de châteaux étaient nécessitées par des objectifs à court-terme ou des crises.14
Il y a peut-être une part de vrai dans ces explications, et comme Deyres, d’autres
historiens, tel Halphen et Bachrach, ont également plaidé pour la rénovation par le comte
Geoffroy d’une ancienne fortification à Durtal.15 Cependant, il y a une faille dans la
représentation de Deyres sur la stratégie de construction des châteaux angevins, dans la
mesure où les comtes d’Anjou ont eu une stratégie plus large et plus sophistiquée dans leurs
décisions de défense. Plutôt que de réagir aux problèmes militaires immédiats, les angevins
étaient à la place bien conscients des stratégies de défense impériales romaines,
particulièrement évoquées par l’auteur militaire du cinquième siècle connu sous le nom de
Végèce.16 Les fortifications angevines doivent être vues dans leur ensemble, la totalité étant
une force plus efficace que la somme des parties. C’était un schéma récurrent, par conséquent
la perte d’un des châteaux n’était pas fatale au système – un fait auquel le comte était
conscient. Ainsi, non seulement la stratégie de défense basée sur les Romains montre un
raisonnement tout à fait différent pour la fondation de Durtal, mais elle sert également de
preuves pour la continuité entre les idées et les institutions romaines, et les sociétés
médiévales qui ont évolué après la cession politique de Rome.17
La toile défensive angevine, illustrée par la Carte 1, comptait sur une série de
fortifications se supportant entre elles pour dissuader, faire obstacle ou réduire un assaillant.
__________
11 Voir Gérard Cordier et Michel Gruet, « L’âge du bronze et le premier âge du fer en Anjou », Gallia préhistoire
18 (1975), 189-92, 218-20.
12 Sur Gouis, voir Actus pontificum Cenomannis in urbe degentium, G. Busson et A. Ledru, éds. (le Mans, 1901),
ch. 12, p. 144, daté 627-50. Voir également Jean-Pierre Brunterc’h, « Maine ou Anjou? Histoire d’un canton
entre Loir et Sarthe (VIIe-XIe siècles », Media in Francia (Maulévrier, 1989), 69-70.
13 Cart. de St-Aubin, no. 306 [13].
14 Deyres, « Les origines des châteaux de Mouliherne et de Durtal », Mémoires de l’Académie d’Angers (1984),
279-88.
15 Halphen, « Étude sur l’authenticité du fragment »; Bachrach, « Angevin Strategy », 555.
16 Vegetius: Epitome of Military Science, N.P. Milner, trans., 2e édition (Liverpool, 1996). Une traduction plus
ancienne est disponible en ligne à l’adresse http://www.pvv.ntnu.no/~madsb/home/war/vegetius/.
17 Cet argument a été détaillé par Bachrach lors du colloque international de Fontevraud en mai 2004: « The
Angevin Art of War ». Le modèle est correctement présenté dans idem, « Fortifications and Military Tactics:
Fulk Nerra’s Strongholds circa 1000 », Technology and Culture 20 (1979), 531-49; et « Angevin Strategy ».


Tout envahisseur au sein du territoire angevin devait se heurter à une douzaine de
fortifications construites entre le dixième et le onzième siècle, et également à ses garnisons
qui pouvaient venir en aide à n’importe quel château assiégé des alentours. L’envahisseur
pouvait alors être pris en sandwich entre une force de soutien angevine et le château assiégé et
ses troupes, tout comme un marteau et une enclume. Connu comme stratégie de « défense
approfondie », le système s’est inspiré d’une dure réalité exposée dans le manuel de Végèce,
De re militari, à savoir qu’une armée ne pouvait voyager que trente-cinq km par jour et
ensuite être prête à combattre le lendemain.18 Par conséquent les angevins espaçaient leurs
châteaux pas plus que cette distance et cela a fait des sièges la forme prédominante de guerre.
Il convient de noter que seulement trois batailles majeures (Conquereuil, 992; Orsay, 992;
Pontlevoy, 1016) ont été menées par les angevins sur les cinquante-trois ans de règne de
Foulques Nerra sur le comté; également à la même période, il y eu au moins quinze sièges,
donnant un rapport de 5 pour 1 de sièges en bataille.19
La position de Durtal dans ce système est quelque part anormale. Sur 110 km de lignes
de défense s’étendant d’ouest en est le long du Loir, Foulques Nerra construisît ou acquît des
fortifications à Briollay, Matheflon, la Flèche, le Lude, Château-du-Loir, la Chartre-sur-le-
Loir, et Lavardin. Comme illustrée par la Carte 1, la zone critique de trente-cinq km autour
de Durtal était déjà grandement couverte par les garnisons de Matheflon et de la Flèche. Il est
alors évident que Foulques ou Geoffroy Martel ont voulu une fortification pour protéger un
lieu clefs, traversant le Loir sur la route d’Angers au Mans. Cela aurait permis aux garnisons
de Durtal de dresser un obstacle sérieux aux attaquants souhaitant passer au dessus du Loir, et
cela aurait également protégé les forces angevines traversant la rivière – une opération
fondamentalement dangereuse, comme expliquée dans les écrits de Végèce.20 Nous ne
connaissons aucun engagement militaire à Durtal – un fait que nous pourrions interpréter
comme témoignage de la vitalité du système de défense angevin. Mais au-delà de son objectif
militaire, la position dominante de Durtal sur un point de franchissement du Loir, et la faculté
de l’endroit à utiliser la puissance de la rivière pour des réalisations minotières, en font
également un endroit excellent pour régir l’économie locale.

III. Où est Campania?

Si les problèmes entourant la fondation de Durtal représentent un obstacle historique
d’importance, les questions relatives aux origines géographiques de la famille dirigeante sont
d’autant plus contrariantes. Que Foulques Nerra ou Geoffroy Martel ait construit la
fortification au départ, le premier châtelain de Durtal connu était Hubert III, comme
clairement explicité dans le cartulaire de St-Aubin.21 Ses prédécesseurs immédiats sont bien
certifiés. Son grand-père, Hubert I, s’est marié avec une femme nommée « Aremburge », de
parenté de sang avec Foulques Nerra, et a eu un fils Hubert II. Après la mort d’Hubert I vers
l’an mille, Aremburge s’est remariée avec Hervé « le Rasoir » de Sablé, dont le sobriquet
« Rasoir » est passé à son beau-fils. La lignée entière de la famille a été pratiquement
exterminée en 1016, quand Hubert II et ses beaux-frères, Raoul et Bernerius, ont été tués au
combat pour Foulques Nerra à Pontlevoy – une des rares batailles de la carrière du comte.
__________
18 Voir Végèce, op. cit., Livre I.
19 Plus généralement sur la supériorité en nombre des sièges en batailles, voir Jim Bradbury, The Medieval Siege
(Woodbridge, Suffolk, 1992), et Bachrach, « Medieval Siege Warfare: A Reconnaissance », Journal of Military
History 58 (1994), 119-33.
20 Végèce, op. cit., Livre III.
21 Cart. de St-Aubin, no. 306 [13].


Seule une relation d’Hubert II avec une femme inconnue avant la bataille a gardé la famille en
vie, et en avril 1017 au plus tard, Hubert III naissait (voir Généalogie 2).22
Avec la naissance d’Hubert III, un mystère historique est également né. Dans sa
première apparition dans le cartulaire de St-Aubin, Hubert a l’origine géographique de
Campania accrochée à son nom. Est ce particulier nom de Campania pour lequel Hubert II et
ses descendants sont associés?
Ce problème est en effet compliqué, et beaucoup d’historiens français accomplis ont
été frustrés en essayant de le résoudre. Dans son Histoire de Sablé de 1683, Gilles Ménage a
dû admettre, « [J]e ne puis dire avec certitude de quelle Champagne ce Hubert III a esté
appelé Hucbertus de Campania. »23 Bien sûr un siècle plus tard, la question est restée
également opaque. Julien-Rémy Pesche a écrit: « En cherchant à débrouiller l’espèce de chaos
qui existe sur ce sujet [de Campania], si nous n’y réussissons pas parfaitement, du moins
aurons nous fait tous nos efforts pour y parvenir: on devra nous tenir compte de l’intention.»24
La source d’information la plus prometteuse – et en fait c’est la seule source claire
d’information presque contemporaine sur la situation de Campania – est la mystérieuse et
peu-appréciée Chronique de Parcé.25 Commencée au milieu du treizième par le prêtre
Grégoire dans l’objectif de préserver ses écrits paroissiaux rapidement détériorés, la
Chronique, au premier regard, semble résoudre le problème rapidement: la Campania en
question n’est rien d’autre que la grande région historique, et l’association d’Hubert III est
due à ses liens de sang avec l’illustre comté de Champagne. Sa mère Hildeburge, dont le nom
est manifestement absent des autres écrits de l’époque, est explicitement identifiée dans la
Chronique comme la petite-fille d’Héloïse, elle-même la fille du comte Eudes II de
Champagne (voir Généalogie 3). Encore, comme beaucoup d’informations de la Chronique, il
n’y a pas d’évidence pour confirmer cela. Eudes n’a eu aucune fille connue sous le nom
d’Heloïse, tandis que la mère supposée de Hildeburge, nommée Godehilde, est
problématiquement descendante d’Yves, ainsi nommé « comte » de Bellême et d’Alençon.26
En outre, la généalogie semble être désespérément comprimée par cette version: Hubert III,
né en 1017 au plus tard, aurait eu vingt ans au plus à la mort de son arrière arrière grand-père,
comte Eudes II, en 1037. Bien que théoriquement possible, ce scénario fausse toute
crédibilité.
Donc si Campania ne fait pas référence à la région ou aux comtes de Champagne, à
quoi se réfère-t-il ? On ne nous donne aucun autre indice explicite dans les sources: personne
ne parle d’un château de Campania, d’un village ou d’une ville, d’un domaine, d’une terre,
d’une région, d’un comté, etc., de Campania en liaison avec les seigneurs de Durtal ou leurs
ancêtres. Des historiens comme Alphonse Angot, Guillot et Bachrach avaient suggéré que
cela pouvait se référer à la région autour de Champigné (cne., cant. Châteauneuf-sur-Sarthe,
arr. Segré, départ. Maine-et-Loire) que les ancestres d’Hubert III contrôlaient, mais son
étymologie n’est pas satisfaisante: la forme latine de Champigné (Campi[g]niacum) est
simplement trop différente de Campania.27 Qui plus est, les scribes médiévaux différenciaient
clairement les deux lieux lorsqu’ils apparaissaient dans le même document.28 Pesche
__________
22 Cart. de St-Aubin, no. 85 [2].
23 Ménage, Histoire de Sablé (Paris, 1683), 7.
24 Pesche, Dictionnaire topographique, historique et statistique du département de la Sarthe 1 (le Mans et Paris,
1829; Paris, 1974), 268.
25 Voir note 8 au-dessus.
26 Içi, il convient de noter que les dirigeants de Bellême et d’Alençon étaient seigneurs et non comtes. Voir
Guillot, Le comte 1, 73, n. 325; et Kathleen Thompson, « Family and influence in the south of Normandy in the
eleventh century: the lordship of Bellême », Journal of Medieval History 11 (1985), 215-26.
27 Angot, Généalogies féodales mayennaises (Laval, 1942), 441; Guillot, Le comte 2, 204 (C 325) et 329;
Bachrach, Fulk Nerra, 144-45. Voir Carte 2.
28 Voir par exemple Cart. de St-Aubin, no. 106.


supposait que Campania signifiait la région de Parcé, mais comme la suggestion des autres
historiens, il ne pouvait apporter aucun support documentaire. De plus, si la Campania
d’Hubert III était à côté de Parcé, il est étrange que les rédacteurs de la Chronique de Parcé,
qui étaient rapides à fabriquer de l’information, n’avaient jamais fait référence à lui en soi.29
Une indirecte et forte évidence nous mène-t-elle au spécifique Campania en question?
En bref, l’information sur les participations de terres et les retenues fait peu pour nous aider.
Les propriétés connues d’Hubert III, bien que situées sur presque une ligne direct est-ouest
dans la portion nord de l’Anjou, sont trop disparates pour indiquer tout lieu unique comme sa
provenance, encore moins la situation géographique de Campania. Ses fidèles, qui ont été
issus principalement des familles portant les toponymes Troata (des orthographes variables:
Troada, Troe) et Cuon (Chorlon, Coclon, Corrum, Corlon[s ], Corlum, Collun) sont de même
de peu d’aide, dans la mesure où ces noms de lieux, comme Campania lui-même, restent non
identifiés. Nous pouvons ainsi voir comment les modernisations réactionnaires de Campania
comme « Champagne » ou « Champigné » ont fait beaucoup pour confondre et pour déformer
notre compréhension de la provenance des seigneurs de Durtal.
Les modèles de recrutement des châtelains par les comtes de l’Anjou indiquent que le
territoire angevin a éprouvé une pénurie de châtelains qualifiés au onzième siècle. Pour cette
raison, il était assez fréquent pour les comtes d’aller chercher des « outsiders », c’est à dire,
des puissants reconnus au delà des frontières de l’Anjou et de les investir des fortifications du
comté. Cette politique avait été également décrétée dans le but d’éliminer une position
héréditaire de châtelain ou la croissance d’un pouvoir de base locale trop fort. Simplement, le
déplacement de ces hommes et leur famille dans les alentours d’un endroit à un autre était une
bonne stratégie comtale pour éviter la rébellion d’une base potentiellement volatile de pouvoir
de châtelains.30
D’une façon générale, cette mesure pour assurer la loyauté envers le comte a
fonctionné. Par exemple, sous le commandement de Foulques Nerra, soixante-seize châtelains
servaient le comte. Parmi eux, la majorité n’avaient pas eu de père qui eurent servis le comte à
leur position, et vers la fin du règne de Foulques, environ la moitié des châtelains sont
déclarés comme des recrues d’au-delà de l’Anjou. Aubry de Vihiers, qui était probablement
l’arrière grand-père maternel d’Hubert III, a à l’origine été recruté dans la région de Paris par
le comte Geoffroy Grisegonelle en 981. Par la suite, le père d’Hubert III et les grand-parents
étaient fermement établis comme des « insiders » angevins, c’est-à-dire, des personnes
originaires de l’Anjou, par exemple Champigné, Sablé et le Lude.31 Mais parce que nous
avons perdu la trace de Hubert depuis sa naissance jusqu’en 1044,32 il est vraisemblable qu’il
s’est aventuré au-delà de l’Anjou pendant son adolescence. Il est assez possible qu’il est
acquis le nom de Campania durant cette période, faisant ainsi de lui un « outsider » au
moment ou Geoffroy Martel le plaça à Durtal entre 1056 et 1059. La femme d’Hubert III,
Agnès, était la fille de Hughes Mangebreton, un angevin bien connu dont les exploits de
guerre contre Conan de Bretagne furent légendaires.33 Par ascendance ou par mariage, au
moins, Hubert pouvait être affirmé comme un « insider », bien que peut-être ce fut ce mariage
qui l’a attiré de nouveau en Anjou: la Chronique de Parcé, pour sa part, indique que
__________
29 Voir Carte 3.
30 Voir Bachrach, « The Social Origins of the Angevin Castellanate to 1040 », Medieval Prosopography 21
(2000), 1-22.
31 Cart. de St-Aubin, no. 85 [2]. Sur le recrutement d’Aubry, voir Bachrach, « Geoffrey Greymantle, Count of the
Angevins, 960-987: A Study in French Politics », Studies in Medieval and Renaissance History 7 (new series,
1985), 21. Voir aussi Généalogie 2.
32 Cart. de St-Aubin, no. 104 [3].
33 Cart. de St-Aubin, no. 287 [8].


l’acquisition de Durtal par Hubert III était une composante intégrale de son mariage à
Agnès.34
En somme, les origines géographiques des seigneurs de Durtal, dans la mesure où elles
correspondent à Campania, ne sont pas claires. Si je n’ai finalement pas réussi à identifier ce
Campania avec précision, je prends coeur à dire que des historiens plus réputés que moi ont
également été frustrés par le sujet. Ce que nous pouvons dire avec certitude, est que les
ancêtres de Hubert III de Campania, premier seigneur de Durtal, furent de fidèles soutiens des
comtes d’Anjou. L’un d’entre eux, Aubry de Vihiers, avait été recruté au dela des frontières
de l’Anjou; d’autres, comme le grand-père maternel d’Hubert, Isembard du Lude, reste plus
obscur, mais ont été probablement des éléments connus du comte lors de leur rencontre.
N’ayant pas eu de père, Hubert III lui-même a peut-être passé sa jeunesse avec un parent
local, faisant ainsi de lui un « insider » au moment de sa nomination en tant que châtelain de
Durtal par le comte Geoffroy Martel. Mais il a pu s’etre aventuré au-delà de l’Anjou,
retournant en tant qu’homme à Durtal comme quelqu’un dont la dévotion familiale pour le
comte était bien établie de part les sacrifices de Pontlevoy. Dans l’un ou l’autre des cas, le
déconcertant nom de lieu Campania est devenu une caractéristique de définition de la famille
pour plusieurs générations.

*************

Et ainsi je termine ma discussion sur cette note, ayant posé beaucoup de questions et ayant
répondu peut-être seulement à quelques unes. Le temps et mes luttes avec la prononciation de
la langue française, me limitent dans la fouille d’autres questions qui font partie de mes
recherches en cours: Quel était l’effet de la guerre civile angevine sur Durtal? Comment et
pourquoi les seigneurs de Durtal se sont unis à la famille de Matheflon au douzième? Quelle
était la nature des relations entre laïques et réligieux à Durtal? Quels étaient les conditions
intellectuelles et scolaires d’un châtelain angevin? Avec de la chance, j’espère publier un
nouveau livre sur les débuts de Durtal à la fin de cette année, après quoi le cycle de l’enquête
commencera à nouveau. J’espère certainement que ma propre confusion sur les questions
durtaloises ne vous a pas embrouillé et que quelques uns des aperçus ont pu vous éclairer.
Une fois encore, je vous remercie à tous d’être venus aujourd’hui, et je serais heureux de
répondre aux questions ou aux commentaires que vous pourriez me poser.
__________
34 Chronique de Parcé, 4-5 [6].


Carte 1: La défense d’Anjou sous le comte Foulques Nerra (987-1040)





 
La défense de l’Anjou reposait sur un système de fortifications entremélées,
séparées entre elles de pas plus de 35 km. Dans le cas de Durtal au milieu du
onzième siècle, la distance critique des 35 km était largement couverte par les
fortifications voisines de Matheflon et de la Flèche, faisant de la place forte de
Durtal quelque chose de redondant. Les cadres rouges indiquent les civitates
(cités) que le comte Foulques avait l’intention de défendre. Carte adaptée de
Bachrach « On Roman Ramparts », dans Geoffroy Parker, éd., Cambridge
Illustrated History Of Warfare: Triumph of the West (Cambridge, 1995), 81.

Carte 2: Champigné [Campigniacum] = Campania?

Champigné (localisé par l’étoile en rouge), dans le département du Maine-et-
Loire. Les ancêtres des seigneurs de Durtal y détenaient des propriétés,
conduisant les historiens à penser que la toponymie de Campania se réfère à
Champigné (Latin: Campi[g]niacum). Cette étymologie est douteuse. Carte
adaptée de http://www.tourisme.fr/carte/carte-departement-maine-et-loire.htm.

Généalogie 1: Les comtes d’Anjou, 960-1109



Geoffroy Grisegonelle et son fils, Foulques Nerra, érigèrent une douzaine de
fortifications à travers l’Anjou. Celui qui a fondé Durtal n’est pas clairement
identifié, parce que il y a une évidence contradictoire donnant crédit autant à
Foulques Nerra qu’à son fil, Geoffroy Martel. * = neveu du prédécesseur.

Généalogie 2: Les ancêtres d’Hubert III de Campania, selon Cart. de St-Aubin, no. 85



Généalogie 3: Les ancêtres d’Hubert III de Campania, selon la Chronique de Parcé



Généalogie 4: La postérité du comte Eudes II de Blois-Champagne, selons des historiens



Les reconstructions de la descendance du comte Eudes II par les historiens ne
correspondent pas avec les informations données dans la Chronique de Parcé.
Sources: Kimberly LoPrete, « Adela of Blois: Familial Alliances and Female
Lordship », dans T. Evergates, éd., Aristocratic Women in Medieval France
(Philadelphia, 1999), 7-14; et Michel Bur, La formation du comté de
Champagne, v. 950-v. 1150 (Nancy, 1977). * = pas d’enfants.

Généalogie 5: Les seigneurs de Durtal, selon Burkholder


3 commentaires:

  1. Bonjour,

    J’ai été vivement intéressé par votre article sur la seigneurie de Durtal.. J’ai lu quelques articles sur Internet dont le votre et un ou deux articles dans des magazines d’histoire trop anciens pour me renseigner efficacement. J’habite loin d’Angers et je n’ai pas pu aller lire les études que vous conseillez sur cette famille (je travaille dans une autre région). Je cherche une généalogie fiable des premiers seigneurs de Durtal, car je m’intéresse à Hersende de Champagne x Guillaume de Montsoreau. Dans votre article, vous donnez pour généalogie de cette famille :
    - Hubert I
    - Hubert II
    - Hubert III
    - Geoffroy neveu d’Hubert III.
    Qui sont les parents de Geoffroy et, éventuellement, en possède-on une preuve ?
    Possède-on une preuve directe qu’Hersende de Champagne épouse du miles Foulque et épouse de Guillaume de Montsoreau est la fille de Hubert III x Agnès de Clervaux

    Merci pour toute réponse.

    Cordialement,

    Thierry Bianco

    Bianco.thierry@neuf.fr

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  2. Au xie siècle, ce domaine était la propriété de la
    puissante famille de Montsoreau, dont la forteresse
    se dresse imposante sur la rive gauche de la Loire.
    Foulques de Montsoreau, — quelques auteurs ont
    dit Isambert, ■— avait pour femme Mabille, dont il
    eut trois enfants, deux du nom de Guillaume et le
    dernier appelé Hugues. Guillaume Ier épousa Hersende,
    fille d'Hubert de Champagne, qui lui donna un fils,
    Gautier. Après la mort de son mari, Hersende se
    plaça sous la pieuse direction de Robert d'Arbrissel;
    fondateur du couvent de Fontevrault, dont elle devint-
    dignitaire. Gautier Ier de Montsoreau s'unit à Grécie
    ou Griscie, soeur de Berlay de Montreuil et veuve
    de Gilduin de Doué, et fut père de Guillaume II,
    dit le Jeune. S'il faut en croire un auteur fort érudit,
    la terre de Montsoreau fut possédée successivement
    par deux seigneurs du nom de Guillaume, le premier,
    marié à Matlnide, et le second, à Hersende, dont
    serait descendu Gautier. Cette interprétation ne nous
    paraît pas s'accorder avec une pièce relative à Seuilly
    que nous citerons plus loin. Vers l'an 1080, Guil-
    laume Ier, par-devant Foulques IV Réchin, comte d'An-
    jou, fit un concordat avec l'abbaye de Saint-Florent,au
    sujet de la viguerie d'Alomte. Pour assurer l'exercice
    du culte à Seuilly, le seigneur octroya l'église Saint-
    Pierre aux moines de l'abbaye de Saint-Etienne de
    Vaux, en Saintonge; on place ce don en l'année
    1092. Un peu plus tard, d'accord avec Geoffroy IV
    Martel, comte d'Anjou, après avoir élevé des pré-
    tentioats sur des bois situés entre la Loire et l'abbaye
    de Bourgueil, il y renonça en faveur des religieux.

    Les circonstances de la fondation du prieuré de
    Seuilly par le seigneur de Coudray nous ont été con-
    servées par le cartulaire de l'abbaye de Saint-Estienne
    de Vaux. « Dans la vue d'acquérir les biens célestes
    par le moyen des bonnes oeuvres, y lisons-nous, un
    gentilhomme nommé Guillaume de Montsoreau, Gau-
    tier son fils, Guillaume son frère, Gervais, Arsenis sa
    femme, ont donné l'église de Saint-Pierre de Suilly,
    qu'ils possédoient selon la coutume du siècle, à l'église
    de Saint-Estienne premier martir, size dans le lieu


    Source: gallica.bnf.fr / Société archéologique de Touraine, 2008-211006

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    Réponses
    1. Le lien vers la page de Gallica
      http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5503780k/f115.texte.r=

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